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Saule : Le Géant a encore grandi !

Ce n’est que son troisième album et pourtant, Saule revient déjà à ses débuts. Il redevient lui- même... en mieux ! Lumineux, plein d’origina- lité et de tendresse. Dans « Géant », Il chante « un type normal », « un chanteur bio », et il fait « l’inventaire de notre amour » avant de devenir « Vieux ». Des chansons bien dans notre temps, qui dépeignent la vie de tout un chacun, le tout, non dénué d’humour.



(c) Fabrice Hauwel
(c) Fabrice Hauwel
WW : Onze titres à l’arrivée. Ils étaient 60 au départ. Vous aviez vu grand, et l’album s’appelle... « Géant ». Il accumule les critiques positives. C’est génial tout ce qui vous arrive en ce moment...

Saule : Oui, c’est super. J’ai commencé à éprouver cet enthousiasme pendant l’enregistrement l’été dernier. Car durant l’écriture, c’est tout le contraire : je suis torturé, je doute, je pense même à changer de métier ! Mais c’est une bonne torture, elle me fait avancer. Mon épouse m’aide à reprendre confiance en moi, c’est d’ailleurs elle qui écoute toutes mes chansons en primeur.

WW: Cette nouvelle aventure musicale, c’est l’histoire d’une rencontre assez improbable entre vous et Charlie Winston. Ca s’est passé sur une radio française grâce à une animatrice qui vous a mis en contact. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a eu du flair. Vous avez eu l’occasion de la remercier ?

Saule : Ca ne saurait tarder puisque je vais retourner dans cette émission de France Inter qui s’appelle « Le pont des artistes ». Ca a collé immédiatement entre Charlie et moi. On s’est découvert plein de points communs. Nous ac- cordons beaucoup d’importance aux valeurs familiales, il a été comédien comme moi et nous sommes aussi hypocondriaques. A deux sur scène, il y en a qui vont flipper !

(c) Fabrice Hauwel
(c) Fabrice Hauwel
WW : Et il s’est donné à fond pour réaliser votre album...

Saule : J’avais l’impression que c’était son disque. Je le revois encore à 2h du matin en train de bosser alors que moi je piquais du nez. C’est un bulldozer !

WW : Vous dites que Charlie Winston vous a permis de dépasser vos limites, de franchir une étape. Qu’est-ce qui a changé ?

Saule : L’exploration de ma voix, sa féminité. Il m’a poussé vocalement. Il en avait marre de ces chanteurs francophones qui se contentent de susurrer des paroles. Il me disait « Tu as une belle voix, exploite là et chante ! ».

(c) Fabrice Hauwel
(c) Fabrice Hauwel
WW : Cette rencontre s’est aussi soldée par un duo avec la chanson « Dusty Men ». Et pourtant, c’est un coup de chance si elle figure sur l’album, racontez-nous...

Saule : C’est un morceau de dernière minute. L’album était prêt. On était dans le lâcher-prise, complètement désinhibés et j’ai eu envie d’une chanson «récréation ». J’ai écrit ce titre dans lequel on se taille un petit costard pour le fun et ça a plu à tout le monde, sauf à ma femme qui la trouvait trop loin de mon registre habi- tuel. C’est vrai que la chanson fait un peu figure d’ovni mais elle plait. C’est souvent quand je ne calcule rien que les choses arrivent.

WW : Vous chantiez en anglais à vos débuts. C’est une des raisons pour laquelle une réalisa- tion anglo- saxonne, c’était devenu important ?

Saule : La musique anglo saxonne, c’est ce que j’écoute à 80%. Par exemple, j’adore Gains- bourg mais là aussi, on ne peut nier combien cette musique l’a influencé. C’est une façon de travailler qui me tenait à cœur, bien avant de rencontrer Charlie.

Saule : Le Géant a encore grandi !
WW: Il y a un peu de vos enfants aussi sur cet album dans la chanson très autobiographique « Le bon gros géant ». Vous êtes même devenu preneur de son...

Saule : Les lalala sont de mon fils, Théo. Et comme pour cette chanson, on voulait entendre des pas de géants en train de marcher, on s’est dit : plutôt que de dérouler des câbles dans le jardin, pourquoi ne pas fixer un Iphone sur chacune de mes jambes ? Et ça a fonctionné ! On s’est vraiment bien amusés. En plus, on a très bien mangé. On ne dit pas assez combien, dans n’importe quel processus créatif, le fait de manger de bonnes choses, ça stimule...

WW : Et vous, pour quelle chanson avez- vous une tendresse particulière ?

Saule : Pour « Just a song » qui évoque la perte d’un enfant. J’ai vraiment baissé la garde.

J’aime la légèreté de la musique. C’est ce qui nous aide dans les moments tragiques. Charlie a été très fort en me faisant chanter dans le vide. Pour moi, c’était comme de me faire sauter d’un pont sans élastique. Je n’y arrivais pas. Ca a été un dépassement. L’écouter avec ceux qui me sont chers, savoir qu’ils ont des frissons, ça veut dire que j’ai bien fait de céder. J’adore quand les artistes baissent la garde.

Murielle Decarpenterie
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