Marie-Eve Gremmens, après un bac en assistante sociale, vous avez poursuivi vos études en sciences de la famille et sexologie à l’UCL. Pourquoi ce choix ?
Mon mémoire tournait autour de la sexologie, « Les victimes d’abus sexuels en hôpital psychiatrique » et, étant issue de la génération « Julie et Mélissa », j’ai eu l’envie d’aller plus loin.
J’ai adoré cette formation universitaire qui m’a révélée : tant les cours que les professeurs témoignaient d’une authenticité, d’une humanité, et d’un parler vrai qui m’ont conquise.
Je me sentais vraiment comme un poisson dans l’eau, raison pour laquelle j’ai décidé de poursuivre avec un certificat post-universitaire en sexologie qui m’a apporté un bagage plus médical, avec notamment les effets des antidépresseurs et de la dépression sur la sexualité, mais aussi l’addiction au sexe ou la sexualité des personnes handicapées...
Sexologue en Brabant wallon
Votre parcours atypique vous a ensuite menée vers une panoplie d’autres formations complémentaires...
Oui, je me suis inscrite dans un processus de formation continue. Je me suis, en effet, rendu compte qu’en sexologie, il était nécessaire de disposer d’une large boîte à outils. Je me suis formée en CNV (Communication non-violente) car je reçois beaucoup de couples en tant que sexologue.
Puis en PNL (Programmation neuro-linguistique), en hypnose éricksonienne, en NGH et en coaching humaniste global, et enfin à la prise en charge du burn-out parental et professionnel.
La raison de ces formations est de pouvoir offrir des portes d’entrée différentes à un problème donné. Il n’est pas rare de recevoir un patient en sexologie classique, et de se rendre compte qu’il existe, en fait, un burn-out sous-jacent.
Une jeune maman en burn-out familial (un cas très fréquent) n’aura par exemple pas spécialement envie de sexe, et peut être amenée à consulter pour un manque de désir.
Si je lui donne des outils pour guérir de son burn-out et pour travailler son amour pour elle-même (comment prendre soin d’elle, se consacrer du temps et agir avec elle-même avec bienveillance et amour), la dynamique sexuelle de son couple pourra être améliorée.
A mon sens, il faut se rendre à la source pour bien prendre en charge le problème.
Vous traitez également les traumas de toutes sortes, y compris sexuels...
Oui, tout à fait... Pour ce faire, je me suis formée en PDMY, une forme d’EMDR mais avec des protocoles plus élargis. L’objectif est de désensibiliser le patient.
Il faut savoir qu’en temps normal, après dix jours, un processus de désensibilisation naturel s’opère après un trauma grâce aux mouvements naturels des yeux pendant le sommeil (phase REM).
Mais dans certains cas, le schéma se grippe et le trauma demeure.
A titre d’exemple, une femme qui a vécu avec un pervers narcissique et a perdu toute estime d’elle-même, notamment au niveau sexuel, pourra être désensibilisée après plusieurs séances de PDMY car une distance émotionnelle sera créée entre ce qu’elle a vécu et ce qu’elle vit aujourd’hui.
Durant ces séances, certains recadrages seront effectués afin que la personne reprenne le pouvoir sur sa vie. Une séance de PDMY peut être inconfortable (c’est un peu comme percer un bouton pour en faire sortir le pu) et nécessite une réelle capacité d’accompagnement…
C’est vraiment important de soutenir le patient dans ce qu’il vit pour lui donner la force de plonger dans ses émotions et ses souvenirs et en sortir plus fort. C’est un peu comme s’il traversait une espèce de tempête émotionnelle interne dont il sort soulagé et détendu.
La thérapie comportementale en hypnose que vous étudiez est quelque peu différente...
Oui, il s’agit là d’un outil pour aider les personnes à faire un deuil, à dépasser une douleur, une dépendance au tabac, un trauma, à retrouver une silhouette mince...
A partir de la mi-juin, j’accompagnerai aussi celles et ceux qui souhaitent placer un anneau gastrique virtuel...
J’adore suivre ces formations complémentaires car j’observe immédiatement les résultats sur mes patients, qui sont tout bonnement extraordinaires...
Que préférez-vous dans votre métier ?
Mon plus grand bonheur, c’est de voir à quel point les personnes renaissent après avoir suivi une thérapie...
Par effet domino, leur vie sexuelle s’améliore aussi...
En fait, tous les domaines de la vie sont touchés. Les techniques utilisées, comme par exemple le PDMY, ne sont pas toujours confortables, mais mènent toujours vers un mieux.
Mon rôle est d’encadrer et d’accompagner le patient vers un mieux-être. Il arrive alors que les traits du visage se détendent, que la posture change, que le style se modifie.
La personne reprend possession de son être et de son corps. C’est magnifique, comme une fleur qui s’ouvre...
Je leur apprends aussi quelques petites techniques au niveau de la gestion des émotions.
J’aime rendre mes patients autonomes en leur offrant des outils afin qu’ils puissent développer eux-mêmes leurs propres techniques.
Au fil de votre carrière, quelle expérience vous a le plus marquée ?
L’accompagnement de mon papa, en fin de vie, m’a donné énormément de confiance dans ce que je faisais, malgré la tristesse ressentie. Souffrant d’un cancer, il subissait de fortes douleurs durant son traitement.
J’ai alors pratiqué l’hypnose anti-douleur afin de le soulager lors de ses séances de chimiothérapie. Cela a merveilleusement fonctionné. Il m’a aussi reconnue dans mes compétences, lui qui était si rationnel.
Alors qu’il se trouvait aux soins palliatifs, la veille de son décès, j’avais vraiment l’impression que quelque chose le retenait ici et je me disais qu’il avait besoin d’être rassuré.
J’ai pratiqué une séance d’hypnose pour qu’il se détende, qu’il lâche prise, et qu’il puisse partir en paix. Il est décédé le lendemain matin. Je ne peux m’empêcher de penser que j’ai contribué à son départ serein.
Infos :
Marie-Eve Gremmens reçoit à Ittre et à Ottignies.
www.lesdigues.be
http://marie-eve-gremmens.be