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Auryn : Quand rêves et réalité se rejoignent...

Ce mois-ci nous allons vous faire (re)découvrir une artiste belge, wavrienne de surcroit. Avec son premier album « Winter Hopes », elle nous entraîne aux confins de son univers tissé de poésie et mélodies délicates. Rencontre avec une artiste sensible et pleine de talent à travers cette interview.



Auryn : Quand rêves et réalité se rejoignent...
Tu es originaire de Wavre, c’est bien ça ?

Oui, en effet. J’ai vécu à Wavre jusqu’à mes 20 ans et y ai effectué toute ma scolarité.

T’y es-tu sentie épanouie, aussi bien humainement qu’en tant qu’artiste ?

Oui et non. Wavre est une petite ville et comme toutes les petites villes, le « métissage » culturel n’y est jamais énorme. J’ai toujours souhaité découvrir les grandes villes où justement il existe une grande diversité tant au niveau culturel, artistique qu’au niveau humain ; la rencontre avec l’autre y est beaucoup plus facile, rapide et aisée.

Du temps où je vivais à Wavre il y aurait pu avoir plus de choses au plan culturel comme des concerts ou des théâtres. (NDLR : Cela a bien changé et on attend avec impatience l’arrivée du nouveau complexe culturel). Il y avait heureusement le petit cinéma de Wavre que j’aimais beaucoup. Je me souviens, étant petite, j’y allais le dimanche matin et je prenais le petit déjeuner en regardant les dessins animés. Cela reste un super bon souvenir. Mais un jour j’ai senti qu’il fallait que je quitte Wavre pour parvenir à prendre mon envol.

Faisais-tu déjà de la musique lorsque tu y vivais ?

Oui tout a fait. Et je dois dire que je restais tout de même pas mal chez moi. J’ai consacré pas mal de temps à la création musicale et ai réellement appris à composer. J’ai d’ailleurs écrit quasiment l’entièreté de mon album seule à la maison, sur le piano familial.

Auryn : Quand rêves et réalité se rejoignent...
Ta manière de composer a-t-elle changé depuis lors ? Comment t’y prends-tu ?

C’est vraiment un mélange entre de nombreuses choses que je vis, que je vois, que je ressens. Mais la phase créatrice se déroule par contre seule, chez moi avec mon piano. Je dois vraiment me concentrer pour créer. Quand je me ballade, j’ai en général plus envie de me détendre et de me libérer l’esprit mais j’emporte quand même toujours un petit carnet dans lequel je note mes idées.

C’est très important car ça me permet de capter les instants, les petits moments de la vie. Il m’arrive aussi parfois de chantonner et d’enregistrer sur le dictaphone de mon téléphone portable. C’est en définitive une espèce de patchwork jusqu’au moment où je me mets vraiment au travail pour tout agencer et en faire quelque chose de concret.

En découvrant ton univers, j’ai un peu le sentiment que tu es portée par un « rêve » qui te fait avancer. Est-ce exact ?

Oui, en effet. J’ai vraiment l’impression qu’il y a une « perte de croyance » de la part de la plupart des gens. Ma croyance à moi est celle de rêver d’un monde meilleur, à des choses poétiques et belles. C’est ma façon d’aller de l’avant…si on arrête de rêver, que l’on croit qu’il n’y a plus de magie ou de poésie, je pense qu’on meurt d’une certaine manière.

Donc, il est vrai que dans ma musique, c’est quelque chose que je recherche fortement. Je souhaite emmener les gens dans un rêve, les ouvrir à l’imaginaire, aux choses un peu irréelles. J’ai toujours été très proche de mon imaginaire. Petite, je pouvais rester des heures et des heures seule à me créer des histoires ou des mondes à moi.

A coté de cela j’essaye de rester au courant de tout ce qui se passe dans la réalité car j’estime que c’est important mais celle-ci est parfois tellement dure que j’essaye d’apporter un peu de douceur grâce à ma musique.

Auryn : Quand rêves et réalité se rejoignent...
La musique a toujours été là pour toi ?

Oui, la musique a toujours été présente ; mes parents étant tous les deux musiciens, notre maison a toujours baigné dans une atmosphère musicale. Il y avait un piano, une batterie, un violoncelle et c’est comme ça qu’on s’amusait, c’était notre manière de se distraire ma sœur et moi.

Nous avons donc été élevées à travers la musique...pas du tout dans la culture de la télévision par exemple. Je remercie d’ailleurs mes parents d’avoir pris ce pli !

Tu as parfois vécu des moments plus difficiles ? Tu peux nous en parler ?

Evidemment. On peut même dire que c’est récurrent chez moi. Je pense que le doute fait partie intégrante de la création car c’est justement lors des moments de doute que l’on peut retrouver la force, l’envie et l’énergie. Si on ne doute plus de soi et que l’on ne se remet plus en question, la créativité aura tendance à disparaître…

Quand je passe par des moments un peu plus difficile je me raccroche à des choses simples. Quand je suis vraiment dans un grand moment de doute, je regarde ce qu’il y a autour de moi comme mes amis, ma famille...le côté simple et beau de la vie en définitive. Je pense qu’en art, il faut laisser les choses venir comme elles doivent mais aussi vivre avec l’idée qu’elles ne puissent jamais venir.

Et surtout ne pas se laisser emporter par ce doute ; savoir le mettre à profit pour rebondir en se disant qu’on peut faire de nombreuses autres choses toutes aussi belles. Personnellement je me laisse guider par la vie. Par exemple j’ai étudié des cours d’art dramatique, et même si je n’en ai pas fait depuis très longtemps je serais prête à saisir la balle au bond si un projet intéressant venait à se présenter à moi.
C’est une attitude hyper positive dont tu fait preuve…

Je suis à l’écoute de moi-même – parfois peut-être un peu trop – mais j’ai vraiment envie de faire ce que je veux. Je sais que je n’ai qu’une vie et je souhaite rester à l’écoute de mes désirs et surtout de ne rien regretter. Même si je sais que percer dans la musique n’est pas une chose simple, j’ai très envie de m’accrocher car je ne voudrais pas le regretter un jour …

Je pense que c’est cette attitude qui paie au final. C’est en essayant d’être le plus juste qu’on y arrive, sinon cela ne vaut même pas la peine d’essayer !

Auryn : Quand rêves et réalité se rejoignent...
Revenons à ta musique. J’ai lu que tu aimais les univers cinématographiques. Tu as déjà pensé à composer une B.O. ?

Je suis carrément là dedans pour l’instant. En ce moment, je suis en train de travailler d’avantage les sons, les ambiances les couleurs et sortir un peu du format « album pop ». Je me lance donc dans les musiques de film. Pour moi au moins un tiers de la force d’un film vient de sa musique. C’est donc un élément loin d’être négligeable.

Quels genres de films aime-tu ? Quel style te passionne ?

Je suis entre autre passionnée par les films d’Hitchcock, et notamment par le compositeur de ses bandes sons, Bernard Herrmann. C’est à chaque fois une claque pour moi car je me dis que ses films ne seraient pas les même sans cette musique et cette idée de donne énormément de motivation dans mon travail.

En ce moment, je travaille sur la musique d’un court-métrage. Mais si je devais composer des B.O. j’irais vers des films particuliers, aux univers un peu étranges.
Un peu dans la même veine de recherche de nouveaux sons, je me suis laissé dire que tu commençais à remixer tes morceaux ?

C’est une manière de m’amuser avec mes morceaux. Ici l’exercice consiste à prendre des morceaux qui existent déjà et à les remanier en essayant d’oublier le plus possible ce qui existe déjà sur l’album. On peut donc plutôt parler de réinterprétation avec des sons différents et bizarres. C’est une nouvelle exploration que je trouve très enrichissante et intéressante en terme de création.

Auryn : Quand rêves et réalité se rejoignent...
Tu fais cela à l’aide d’un ordinateur ?

Je capte les sons, j’ai des micros ; je possède également un orgue avec une gamme de sons assez incroyable, de vieux instruments, des synthétiseurs analogiques ainsi qu’un petit home-studio. Ensuite, je bidouille le tout et en résultent de nouveaux sons.

Tu utilises souvent l’anglais pour tes morceaux. Une raison particulière à ce choix ?

C’et ma langue préférée depuis toujours. Depuis l’âge de 4 ou 5 ans, c’est une langue que j’ai toujours voulu parler. J’ai toujours écouté des groupes anglophones. Je trouve aussi que l’anglais est très métaphorique au point de vue des rêves, des images. En deux phrases, on peut exprimer des choses que l‘on aurait dit en dix ou quinze en français. J’ai l’impression que l’anglais est beaucoup plus précis dans ce que l’on veut exprimer. C’est très chantant, très beau.

Des affinités avec une autre langue que tu pourrais utiliser pour tes chansons ?

J’irais plutôt vers le côté un peu plus froid du Russe ou vers les langues slaves qui sont pour moi des langues assez magiques.
Pour terminer, peux-tu me donner deux ou trois coups de cœur artistiques ?

Bizarrement, lorsque je suis en phase de création de morceaux, j’essaye d’écouter le moins de musique possible car il est très difficile par la suite de ne pas être une éponge et de ne pas recréer des choses que l’on vient d’entendre. J’écoute donc plutôt de très vielles choses comme de la musique classique, des morceaux des années cinquante ou soixante.

J’ai des coups de cœur en effet, mais pas vraiment des nouveautés. Je redécouvre plutôt des choses comme Billie Holiday, la musique noire des années soixante qui m’attire vraiment. Même si ma musique n’a pas grand chose à voir avec ce style… C’est aussi valable au cinéma : j’ai redécouvert il y a un an un de mes réalisateurs préféré Billy Wilder – qui a entre autre tourné Sunset Boulevard – et d’autres films grandioses qui me procurent énormément d’émotions.

Album : « Winetr Hopes » sur AT Music & distribué par Pias, disponible dans les bacs. En concert le 23 avril au Fiess'tival de Mont Saint-Guibert.


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