Encadrés par l'éducateur de rue et un ouvrier qualifié, ils travaillent actuellement dans le Cimetière du Centre pour y restaurer les sépultures des anciens combattants de la Première Guerre mondiale. Un travail de respect qui s'inscrit dans le contexte du centenaire du début de la guerre 1914-1918.
Sous une pluie battante, l'échevine de la Prévention Dominique Ferier-Jans et l'Officier de l'État civil en charge des Cimetières Yves Vander Cruysen se sont rendus sur place pour les encourager, ce jeudi 9 juillet. Yves Vander Cruysen en a profité pour leur raconter quelques-uns des faits les plus marquants de la Grande Guerre à Waterloo (cf. texte « Waterloo durant la Grande Guerre » ci-dessous). Plusieurs jeunes se sont montrés très intéressés par ces explications et ont spontanément marqué leur fierté de pouvoir rendre hommage aux héros qui reposent là.
Au terme de ce travail, l'équipe se rendra également dans le Cimetière Sainte-Anne qu'elle rafraichira également. Par la suite, les étudiants iront nettoyer quelques espaces verts comme le parc Jules Descampe ou le Bois des Bruyères, ainsi que l'un ou l'autre sentier communal s'ils en ont le temps.
Pour rappel, “Été solidaire” est une opération mise sur pied par la Région wallonne. Elle permet notamment aux Communes d’engager des jeunes sous contrat d’étudiant pour réaliser des petits travaux d’utilité publique dans leur environnement proche.
À Waterloo, ce projet est pris en charge par l'échevine de la Prévention, en collaboration avec le bourgmestre Serge Kubla, responsable des Travaux publics.
“L'idée, explique Dominique Ferier-Jans, est d'impliquer les jeunes dans la valorisation de leur commune. C'est une façon pour eux de s'approprier les lieux et de leur faire apprécier Waterloo, tout en les responsabilisant.”
Un objectif qui n'empêche pas de travailler dans une bonne ambiance. Chaque année, des liens se créent au sein du groupe et les deux semaines se terminent généralement autour d'un barbecue.
Waterloo durant la Grande Guerre
Waterloo compte un peu moins de 5.000 habitants lorsque, le 4 août 1914, l’Allemagne franchit de force la frontière belge.
C’est une commune moderne, où la salubrité publique est soulignée, déjà dotée du gaz et de l’eau courante, du téléphone et d’une ligne de tramways qui relie directement ses habitants à Bruxelles.
La population est assez mixte. On y trouve de nombreux agriculteurs, des ouvriers, mais aussi une classe moyenne assez importante. La plupart sont propriétaires de leurs logements. Deux savonneries, une fabrique d’engrais sont les plus gros employeurs. L’enseignement y est réputé. On y compte pas moins de huit écoles, dont deux pensionnats. La vie culturelle y est déjà intense. Elle est animée par trois sociétés de musique et par trois compagnies dramatiques. Une bibliothèque communale propose de nombreux ouvrages aux lecteurs.
Apprenant l’avancée des troupes ennemies, bon nombre de Waterlootois prirent la fuite, laissant leurs maisons au pillage des Allemands. Ces derniers installèrent d’ailleurs un QG temporaire au château d’Argenteuil et, afin que l’accueil des Waterlootois soit correct, avaient pris en otages le bourgmestre, quelques conseillers communaux, un prêtre et un instituteur. Après quelques jours de repos, ils prirent le chemin de la France.
Comme bien d’autres communes du Brabant wallon, les Waterlootois ne revirent les Allemands que lorsque ceux-ci commencèrent à manquer de vivres et de main-d’oeuvre. Plusieurs civils furent également, en novembre 1916, emmenés de force en Allemagne.
Administrativement, Waterloo fut, en juin 1918, incorporée dans la Province du Hainaut.
En septembre et octobre 1918, c’est un flot de réfugiés français qui furent accueillis généreusement en Morne Plaine. Maisons, salles de spectacle, écoles furent bondées d’habitants de Henin-Liétard, de Nesles, de Berzée et même de Crépin, de Maubeuge et de Valenciennes. Mais ces victimes indirectes des combats de la Somme furent obligées de fuir à nouveau au fur-et-à-mesure que les Allemands reculèrent.
Ces derniers arrivèrent massivement à Waterloo fin octobre 1918, s’arrogeant tous les pouvoirs. Ils installèrent même une plaine d’aviation sur la prairie du Pachy, sise face à l’école communale des garçons. A hauteur donc de l’actuel parking de la maison communale. Ils confisquèrent aussi le tramway, rassemblant sur ses rails une file de wagons qui, selon un témoin, contenaient un important butin et s’étiraient de la gare à l’église, tout le long de l’actuelle rue de la Station.
Le 11 novembre 1918, alors que l’armistice est signée, plus de 5.000 Allemands sont toujours cantonnés à Waterloo. C’est dire si les réjouissances sont plus que discrètes. Il faudra attendre le départ du dernier allemand, le 16 novembre 1918, pour sortir les drapeaux tricolores.
L’arrivée des alliés eut lieu le 21 novembre. Pour la circonstance, les trois sociétés musicales se rassemblèrent pour ne former qu’une seule phalange. Ainsi naquit l’Indépendance Musicale. Et c’est un major-général anglais, un certain Harman qui eut droit à un vibrant God save the King. Dans son discours d’accueil, le bourgmestre Wilmart ne manqua pas de rappeler que, pour la seconde fois, à un siècle de distance, l’armée anglaise venait chasser de Waterloo un ennemi qui avait violé la Belgique. Les festivités durèrent quelques jours.
Puis, il fallut faire un bilan. Sur les 126 combattants waterlootois engagés, quinze ne revinrent jamais, étant tombés au champ d’honneur. Leurs noms figurent sur le monument aux morts érigé quelques années plus tard. Il s’agit de Florian Brassinne, Jules Chervert, Jules-Edouard Delain, Louis Delvaux, René Dewitt, Ernest Fréson, Elie Glibert, Léon Laurent, Georges Lejeune, Gustave Lejeune, Joseph Marchal, Gustave Moulard, Hubert Sottiaux, Louis Van Herck et Michel Verbeeck. Certains de ces noms figurent sur des artères waterlootoises. D’autres sur les vitraux de l’église Saint-Joseph.
Il est également à noter que, sur les 78 hommes déportés, quatre concitoyens ne revinrent jamais des usines allemandes : Robert Dineur, Roger Derijke, Félicien Dury et Emile Van Eeckhoudt.
Yves Vander Cruysen
Waterloo compte un peu moins de 5.000 habitants lorsque, le 4 août 1914, l’Allemagne franchit de force la frontière belge.
C’est une commune moderne, où la salubrité publique est soulignée, déjà dotée du gaz et de l’eau courante, du téléphone et d’une ligne de tramways qui relie directement ses habitants à Bruxelles.
La population est assez mixte. On y trouve de nombreux agriculteurs, des ouvriers, mais aussi une classe moyenne assez importante. La plupart sont propriétaires de leurs logements. Deux savonneries, une fabrique d’engrais sont les plus gros employeurs. L’enseignement y est réputé. On y compte pas moins de huit écoles, dont deux pensionnats. La vie culturelle y est déjà intense. Elle est animée par trois sociétés de musique et par trois compagnies dramatiques. Une bibliothèque communale propose de nombreux ouvrages aux lecteurs.
Apprenant l’avancée des troupes ennemies, bon nombre de Waterlootois prirent la fuite, laissant leurs maisons au pillage des Allemands. Ces derniers installèrent d’ailleurs un QG temporaire au château d’Argenteuil et, afin que l’accueil des Waterlootois soit correct, avaient pris en otages le bourgmestre, quelques conseillers communaux, un prêtre et un instituteur. Après quelques jours de repos, ils prirent le chemin de la France.
Comme bien d’autres communes du Brabant wallon, les Waterlootois ne revirent les Allemands que lorsque ceux-ci commencèrent à manquer de vivres et de main-d’oeuvre. Plusieurs civils furent également, en novembre 1916, emmenés de force en Allemagne.
Administrativement, Waterloo fut, en juin 1918, incorporée dans la Province du Hainaut.
En septembre et octobre 1918, c’est un flot de réfugiés français qui furent accueillis généreusement en Morne Plaine. Maisons, salles de spectacle, écoles furent bondées d’habitants de Henin-Liétard, de Nesles, de Berzée et même de Crépin, de Maubeuge et de Valenciennes. Mais ces victimes indirectes des combats de la Somme furent obligées de fuir à nouveau au fur-et-à-mesure que les Allemands reculèrent.
Ces derniers arrivèrent massivement à Waterloo fin octobre 1918, s’arrogeant tous les pouvoirs. Ils installèrent même une plaine d’aviation sur la prairie du Pachy, sise face à l’école communale des garçons. A hauteur donc de l’actuel parking de la maison communale. Ils confisquèrent aussi le tramway, rassemblant sur ses rails une file de wagons qui, selon un témoin, contenaient un important butin et s’étiraient de la gare à l’église, tout le long de l’actuelle rue de la Station.
Le 11 novembre 1918, alors que l’armistice est signée, plus de 5.000 Allemands sont toujours cantonnés à Waterloo. C’est dire si les réjouissances sont plus que discrètes. Il faudra attendre le départ du dernier allemand, le 16 novembre 1918, pour sortir les drapeaux tricolores.
L’arrivée des alliés eut lieu le 21 novembre. Pour la circonstance, les trois sociétés musicales se rassemblèrent pour ne former qu’une seule phalange. Ainsi naquit l’Indépendance Musicale. Et c’est un major-général anglais, un certain Harman qui eut droit à un vibrant God save the King. Dans son discours d’accueil, le bourgmestre Wilmart ne manqua pas de rappeler que, pour la seconde fois, à un siècle de distance, l’armée anglaise venait chasser de Waterloo un ennemi qui avait violé la Belgique. Les festivités durèrent quelques jours.
Puis, il fallut faire un bilan. Sur les 126 combattants waterlootois engagés, quinze ne revinrent jamais, étant tombés au champ d’honneur. Leurs noms figurent sur le monument aux morts érigé quelques années plus tard. Il s’agit de Florian Brassinne, Jules Chervert, Jules-Edouard Delain, Louis Delvaux, René Dewitt, Ernest Fréson, Elie Glibert, Léon Laurent, Georges Lejeune, Gustave Lejeune, Joseph Marchal, Gustave Moulard, Hubert Sottiaux, Louis Van Herck et Michel Verbeeck. Certains de ces noms figurent sur des artères waterlootoises. D’autres sur les vitraux de l’église Saint-Joseph.
Il est également à noter que, sur les 78 hommes déportés, quatre concitoyens ne revinrent jamais des usines allemandes : Robert Dineur, Roger Derijke, Félicien Dury et Emile Van Eeckhoudt.
Yves Vander Cruysen