Richard Ruben, citoyen de l’humour

À la veille de la sortie de son livre « Je vous ai apporté mes bons mots » et en cette nouvelle année où il fait son retour sur les planches avec son nouveau spectacle « Peur de Rien », WaWa Magazine s’offre un petit tête à tête avec le célèbre humoriste belge du Brabant wallon, Richard Ruben.



WaWa : Où habitez-vous en Brabant wallon et pourquoi?

R.R. :
J'habite à La Hulpe. Etant né à Bruxelles, c'est un hasard de la vie et j'aime beaucoup ce coin. Les gens sont très gentils. J'aime l'esprit laïc du Brabant wallon en général. Je trouve qu’à La Hulpe, il y a un mélange culturel assez intéressant et sans trop de prétention.

En plus, nous sommes à deux pas du pont de Groenendael, c1est un peu la continuité de Boitsfort que j1apprécie particulièrement. Je pars à gauche, je vais à Paris, je pars à droite je suis à Bruxelles, c1est idéal pour moi !

WaWa : Quels sont vos lieux de prédilection, restaurants, promenades,... ?

R.R. :
J’adore me promener au Parc Solvay. C’est un endroit magnifique qui a l’avantage d’être relié à la forêt de Soignes. Je suis allé au Central Park à New York et le parc du Château de La Hulpe reste mon préféré. Pour bien manger, si je dois conseiller un bon restaurant, je dirais la Brasserie du Lac de Genval, le Barbavin à La Hulpe, sans oublier Chez Clément où l’am- biance est toujours très sympa !

WaWa : Que pensez-vous du public belge ?

R.R. :
Pour moi, la provenance du public n’a pas d’importance. On propose un spectacle qui veut dire des choses et le public les reçoit à sa façon. Il y a évidemment des petites nuances entre les régions. Je me considère comme un un citoyen de l’humour. Le public, c’est le public, point barre! Il ne faut pas avoir de complexe par rapport à lui. Ce qui peut par contre jouer sur l’ambiance générale, ce serait plutôt le type de salle. Selon les lieux, l’ambiance varie. 
 
WaWa : A quoi est dû, selon vous, votre suc- cès depuis tant d’années ?

R.R. :
Je pense que c’est dû au fait que j’ai un lien privilégié avec le public. Je ne sais pas ce que veut dire le succès. Le public vient voir une espèce de subversion sympathique et il le sait. Je ne suis pas dans la revanche, je ne suis pas là non plus pour dénoncer. Je suis une espèce de persifleur. La sympathie laisse passer beaucoup de choses entre le public et moi. C’est toujours doux. Même quand c’est hard c’est doux (rires). 


WaWa : Parlez-nous de votre nouveau spectacle « Peur de Rien ».

R.R. :
Je pense que c’est mon spectacle le plus universel. C’est un homme normal dans le middle-age qui remet pleins de choses en question. Son rôle de citoyen, son rapport avec les ados, avec les femmes, avec la paix dans le monde, son rapport avec la Belgique...

Ce sont toutes les interrogations d’un homme qui dit qu’il n’a peur de rien et qui finalement a peur de tout. J’ai jamais autant assumé tout ce que je dis dans ce spectacle, maintenant j’ai décidé que tout ce que je faisais devait représenter tout ce que j’aime.

Après huit spectacles et à 
46 ans, je pense que je peux dire que c’est le spectacle dont je suis le plus fier. Je suis en paix avec mon jeu, je fais moins d’imitation qu’avant. Je me rends compte que mes personnages et mes performances vocales passent bien dans ce spectacle. C’est un véritable aboutissement. Je ne parle pas des people, je ne cite pas de vedettes. Je parle des grands du monde mais ne rentre pas dans les cancans. Cela dit, je respecte ceux qui le font mais ce n’est pas mon terrain. Ce qui m’intéresse aujourd’hui c’est de parler du monde dans lequel on vit avec un regard ironique.
 
WaWa : Qu’est-ce qui vous a inspiré ?

R.R. :
Je lis beaucoup, je consulte beaucoup de forums, c’est très révélateur de voir ce qui se dit, les échanges et les relations. C’est la vie, les gens, ...
 
« Je suis un vrai citoyen ce qui n’est pas intellectuel, c’est la moindre des choses ! »
 
WaWa : De quoi avez-vous peur dans la vie ?

R.R. :
J’ai peur de ne pas pouvoir faire tout ce que je veux. (rires). Prendre l’avion m’effraie un peu aussi. Si je vois quelqu’un qui prie parce qu’il y a des turbulences, je commence à m’inquiéter. C’est marrant, qu’on soit croyant ou non, on prie tous un peu au fond de soi dans ces moments- là. Je n’ai jamais compris comment un avion, une masse aussi lourde, pouvait tenir en l’air. On a beau m’expliquer, je ne comprends pas ! Pour moi, ça tient du miracle. Ça m’épate autant que ça me fait peur !

Je trouve ça tellement hypocrite de nous montrer comment mettre la bouée en cas d’accident alors que le vol ne passe pas spécialement au-dessus de la mer... à quoi ça rime ?! (rires) 


WaWa : Qu’abordez-vous dans votre livre « Je vous ai apporté mes bons mots » ?

R.R. :
C’est un bouquin d’aphorismes, de toutes sortes de pensées. Je me suis régalé à écrire les trois quart dans la nuit et un quart vient de mon spectacle. Ce sont des formules sur les rapports avec l’état, sur la mort, le temps qui passe, les femmes, la Belgique, les croyances, ...

C’est très personnel parce que c’est aussi l’aboutissement de ce que je suis aujourd’hui. Je ne suis pas donneur de leçons, au contraire, j’essaie de faire rire et, pourquoi pas, de faire réfléchir. Tout est classé par sujet, vous pouvez lire trois pages, puis reprendre quand bon vous semble comme une petite madeleine. En vacances, avant de dormir, sur les toilettes,... (rires). C’est un livre rempli d’ironie, j’espère que les lecteurs pren- dront le même plaisir à le lire que j’ai eu à l’écrire.


WaWa : Quelles sont vos croyances person- nelles ?

R.R. :
Je suis un agnostique à tendance athée ou l’inverse... Pour moi, ce qui est le plus important, c’est d’avoir des racines, de savoir d’où l’on vient. Quand on dit un juif, un catholique ou un musulman, ça n’a pas tellement d’importance je pense qu’on est tous les mêmes. C’est beaucoup plus intéressant de connaitre nos racines, d’être fier d’où l’on vient dans un esprit de laïcité et de se fondre. Je respecte très fort les croyants mais pour ma part, je crois juste en une espèce de force qui règle la nature mais pas plus. Nous n’avons aucune emprise là-dessus et c’est très bien comme ça.
 
WaWa : Que pouvons-nous vous souhaiter de mieux pour cette nouvelle année ?

R.R. :
C’est une année de transition très importante. Je sors mon livre, je participe au festival d’Avignon, je présente mon spectacle et j’ai encore d’autres projets qui me prennent du temps...

Bref, c’est une année très riche. Je souhaite à tout le monde d’avoir la santé, sans elle on ne fait rien. La deuxième chose très importante est que les gens puissent subvenir à leurs besoins. Dans une époque où les gens se pressent au travail, je pense que ce sont les choses les plus importantes ! 


WaWa Rencontre Richard Ruben
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