Le monde magique de Bernard Depoorter



C’est avec un immense plaisir que l’équipe du WaWa magazine s’est rendue dans l’univers féérique du jeune couturier wavrien Bernard Depoorter. A l’abri des regards, il nous reçoit dans sa demeure familiale aux allures romantiques et baroques.

L’accueil chaleureux du couturier et les multiples bougies nous donnent directement le ton…

Nous venons d’entrer dans un autre monde. Tout de suite, nous comprenons que le jeune homme est particulièrement attaché à l’art de vivre et la beauté des choses. Dans le salon où nous nous trouvons, rien n’est laissé au hasard. Les éléments qui nous entourent définiront d’ailleurs parfaitement la personnalité de Bernard tout au long de notre rencontre.

D’élégants modèles vêtus de robes noires signées Depoorter sont placées dans les coins du salon. S’ajoute à cela une bibliothèque qui apporte un peu de couleur avec ses innombrables couvertures ainsi que plusieurs objets conservés ou œuvres chinées par l’artiste.

A l’image de cette décoration dosée, chacun des choix de Bernard, chacune de ses créations sont inspirées par des histoires, des époques, un meuble, un livre, … Pour l’artiste la source d’inspiration est partout et tout le temps…

Les débuts de Bernard Depoorter

Tout commence à l’âge de sept-huit ans lorsque Bernard découvre d’anciens vêtements dans les greniers de ses grands parents. Tout de suite, le jeune garçon développe une curiosité pour les arts décoratifs. Sa fibre artistique se déclare tout spécialement au contact des robes brodées d’époque.

À dix-neuf ans, Bernard sait qu’il veut exploiter cette sensibilité. Davantage inspiré par l’univers glamour et baroque des grandes maisons de couture parisiennes que par l’univers minimaliste et classique belge, Bernard se lance. Ses books sous le bras, il part en France vivre son rêve. Dominique Sirop, Jean-Louis Scherrer ou encore Christian Dior ouvrent leurs portes et nourrissent l’apprenti couturier de leur savoir.

De plus, au-delà de cette richesse culturelle, les grands couturiers parisiens apprennent à Bernard Depoorter à échapper aux pièges de la création. Petit à petit, le jeune artiste détecte comment trouver l’équilibre dans ses réalisations. « La meilleure école pour un métier comme le mien est de se nourrir sur le terrain, bien que je pense que l’on ne cesse d’apprendre tout au long de sa vie ».

En 2004, la carrière de Bernard Depoorter démarre avec de prestigieuses commandes de robes à Paris. Ces nouvelles relations donnent un coup de pouce au jeune couturier. Il enchaine alors les défilés en Belgique et à Paris. Pour ces événements, il prend beaucoup de soin à choisir le lieu et présente régulièrement ses collections dans des châteaux. « Je suis très attaché à la protection du patrimoine. Les châteaux sont des lieux remplis d’âme qui m’inspirent. Mes collections sont parfaitement mises en valeur dans ces endroits magiques. »

La marque de fabrique

Les créations de Bernard Depoorter se distinguent par la doublure en soie de couleur violette et le noir au même titre que la rose anglaise globuleuse et fermée que l’on retrouve sur ses robes.

Depuis quelque temps Bernard s’oriente vers de nouveaux tons et choisit des couleurs en demi-teintes. « Je ne vais jamais prendre un rouge ou un vert vif. J’opterai plus pour un rouge sang, un caramel, un cognac, ou encore un vert olive,… Je travaille beaucoup et, de plus en plus d’ailleurs, sur la palette de couleurs. Je veux apporter une subtilité avec un aspect parfois vieilli ou délavé. »

La maison Depoorter se démarque aussi par l’approche de la coupe. Les collections sont influencées par les années cinquante. « Pour moi, ces références sont intemporelles. Je les réinterprète chaque saison, elles me plaisent énormément. Viennent aussi se greffer à ce standard quelques influences folk des années vingt et trente ».

Puisée dans ses nombreux livres, à la vue d’un film ou encore d’une femme, l’inspiration est partout. Très attaché à l’histoire et conscient qu’elle est propice à de nouvelles inspirations, Bernard passe beaucoup de temps à analyser des architectures, des époques et des cultures lointaines. De fil en aiguille, les idées pour les collections futures s’étoffent. « La difficulté n’est pas d’avoir des idées, elle se trouve dans le tri de celles-ci. Je dois garder à l’esprit différentes contraintes telles que le coût, le temps et la conjoncture. »

En dehors des trois à quatre collections capsules par an, la maison Depoorter propose une grande collection annuelle. De son côté, l’artiste travaille toujours sur trois à quatre collections à la fois. « Je construis toujours une collection à partir d’un tissu. J’en ai besoin pour imaginer la robe. Je fais de nombreux brouillons que je trie au fur et à mesure. Je sais également que je dois adapter mes idées à la clientèle belge qui est particulièrement classique. »

En dehors de ses créations, Bernard Depoorter est en permanente recherche d’une nouvelle aire, en conservant les valeurs qui lui sont chères, il se prépare à une révolution vestimentaire. Le jeune couturier constate que depuis 20 ans il n y a plus de réelle nouveauté, les modes se réinterprètent perpétuellement. « Je constate que beaucoup de domaines tournent en rond. Je pense à la mode mais aussi au cinéma, …».

Le concept

Le jeune homme est visiblement très sensible au monde qui l’entoure, il s’interroge et se positionne. Cette ouverture d’esprit est le témoin de l’écoute qu’il consacre aux femmes. Il se pose les bonnes questions.

Prenant exemple la femme d’affaires de 35 ans et plus ; Quels sont ses besoins ? Comment peut-elle se sentir bien dans sa tenue tout au long d’une journée ?

Prenant en compte l’évolution permanente de la société, le couturier constate que le comportement vestimentaire de la femme est directement influencé. « Le luxe n’est plus d’afficher des logos comme au début des années 2000, le luxe est de profiter d’une doublure en soie. »

Fidèle à ses valeurs, Bernard Depoorter, propose à ses clientes une approche conviviale et personnalisée. Ses créations ne sont pas disponibles en boutique. Pour les découvrir, il faut se rendre dans ses ateliers, là où tout se passe. « J’ai décidé de sortir de cette dictature qui impose une surconsommation, des stocks à l’infini et des clientes parfois peu conseillées. Je pense que ce système ne tourne plus et qu’il faut revenir à l’essentiel. »

Le concept du couturier est de proposer ce qu’il appelle du « prêt-à-couture ».

Par exemple, il réalise une robe noire qu’il pourra customiser à souhait avec des accessoires amovibles, modesties, cols ou encore boutons artisanaux. Une démarche qui permet à la clientèle de mettre sa robe pour diverses occasions, dans différents contextes. « Je veux proposer à mes clientes autre chose que le vêtement presque parfois jetable de la grande distribution. Les robes que je crée ont chacune une histoire qui les rendent uniques ».

En accord avec son temps, Le couturier travaille le tissu naturel, garantit le made in Belgium et encourage l’artisan à l’instar des grandes industries. Pour s’offrir la petite robe noire de base à customiser ensuite à souhait, il faudra prévoir un budget entre 500€ et 1500€. La robe sur-mesure, elle, pourra être créée à partir de 2000€.

Bernard Depoorter apporte une touche à la fois fraiche et intemporelle à ses créations tout en conservant les codes de la haute couture. Ce qui lui vaut d’ailleurs de se démarquer auprès de nombreuses célébrités comme la chanteuse Lara Fabian, la princesse Claire ou encore de l’animatrice télé Armelle.

« Il y a beaucoup de jeunes talents en Belgique que ce soit dans la couture, la joaillerie, le mobilier, la gastronomie,… C’est un honneur pour des jeunes comme moi de pouvoir habiller des ambassadrices qui mettent mon travail en avant. En plus, elles sont de très bonnes conseillères, je reste toujours à l’écoute des avis qu’elles me donnent. Lorsque je crée une collection, avant de la dévoiler, je la présente toujours à mes meilleures clientes et aux femmes de mon entourage qu’elles aient 16 ou 60 ans. »

La tribu Depoorter

Le jeune couturier est, depuis toujours, particulièrement encouragé par sa famille.

Bernard est très attaché aux valeurs familiales. Il se trame autour de lui un élan de dynamisme remarquable pendant les périodes de défilés et tout au long de l’année de préparation. « Je suis en parfaite fusion avec mes parents et mes sœurs. La famille est primordiale, sans elle, ma carrière ne serait pas ce qu’elle est. Elle m’a permis de prendre les bonnes décisions, de me protéger quand il le fallait et de me rappeler qu’un artiste doit rester raisonnable dans ses choix. Je pense que dans la vie, il faut être ouvert aux conseils des ainés. J’ai d’ailleurs beaucoup de discussions avec des personnes de soixante ans et plus, elles m’apprennent tellement de choses. Lorsqu’on est jeune, on est encore que des apprentis de la vie. »

La tribu Depoorter ne serait pas au complet si nous n’abordions pas les animaux de compagnie que possède Bernard. Il nous confie qu’au rez-de-chaussée de sa maison, il héberge un couple de paons nommés Victor et Constance. « C’est un animal qui peut sembler très vaniteux mais je trouve qu’il a beaucoup de grâce (rires). Mes arrières grands parents en possédaient déjà dans cette maison et j’ai voulu réintroduire cet oiseau si particulier. Il s’agit presque d’un ‘’code Depoorter ‘’puisque l’on retrouve la plume dans mes collections et le motif sur le carrelage d’époque de la cuisine. Mes paons m’inspirent beaucoup ».

Le cabinet de curiosité

Le partage étant une notion que le jeune homme garde toujours à l’esprit, il a pour projet d’aménager la bâtisse industrielle attenant à la maison historique pour recevoir encore mieux sa clientèle.

Il pourra dès lors partager avec ses clientes une ambiance où se croisent passions, découvertes et trouvailles en tous genres. Bref un art de vivre qui lui est propre.

Dans les nouveaux espaces, le couturier projette aussi d’ouvrir un atelier uniquement dédié à la rose en soie. « C’est un artisanat qui se perd et je tiens à retrouver les outils adéquats pour perpétuer la fabrication de cet accessoire majestueux ».

Le projet est de mêler les différents univers, de l’atelier rempli de tissus à la maison pourvue d’histoire passant par la cour intérieure où résonnent encore les souvenirs d’enfance.

À venir

Outre les nombreux projets collection annuelle, Bernard Depoorter cette année va proposer une robe spécialement imaginée pour les jeunes femmes en collaboration avec la créatrice Nathalie Didden.



Haute Couture
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