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La créature de Frankenstein enchante les ruines

Cela fait la 27ème année que Patrick de Longrée pose ses tréteaux dans les vestiges de l’Abbaye de Villers-la-Ville pour un spectacle extraordinaire avec un objectif populaire. En moyenne, 20.000 personnes par an dont 5 % de néerlandophones.

Cet été, c’est Frankenstein qui investit les lieux.



La créature de Frankenstein enchante les ruines
Sur une mise en scène d’Emmanuel Deconinck, la troupe de 16 comédiens revisite l’histoire du Docteur Frankenstein depuis les souffrances de sa mère morte en couche jusqu’à la naissance de la créature incarnée de manière dia- bolique par Olivier Massart. Très humain, très touchant, très juste et à la hauteur du décor : majestueux.

WawaMagazine a rencontré le producteur et son comédien principal pour une interview croi- sée tout en respect réciproque et sans langue de bois au chalet de la Forêt. Taverne rustique et authentique en face de l’Abbaye.

« Le choix d’Olivier Massart était inéluctable. Nous craignions qu’il refuse puisqu’il venait d’annoncer qu’il prenait un peu de recul » déclare Patrick de Longrée. « Mais au bout de ma deuxième phrase, il a dit banco ».

« Faire Villers-la-Ville, c’est un must pour un comédien. C’est une épreuve difficile et exigeante dû aux lieux. Tout y est plus grandiose. On doit parler fort. Il fait froid. Les lieux sont magiques et une fois la nuit tombée, la brume porte notre voix. On effleure la grâce » clame Olivier Mas- sart.

La créature de Frankenstein enchante les ruines
Dire que les deux hommes s’apprécient est un euphémisme. Un flux circule entre eux et même quand on leur demande ce qui les énerve chez l’autre. La réponse est en nuance.

« Olivier, c’est un montagne d’enthousiasme, de talent, de générosité, d’énergie et d’envie. Il peut aussi être un solide casse-bonbons tant son exigence est grande dans le travail, dans la précision et la rigueur. Pour lui comme pour les autres. Il tire un groupe vers le haut. » répond avec un énorme sourire Patrick de Longrée.
« La seule chose que je reproche à Patrick, c’est parfois un manque d’audace. J’aimerais encore aller plus loin avec un spectacle qui se terminerait dans la folie à 4 heures du matin. Par contre, c’est notre premier fan. Un spectateur heureux qui ne regrette jamais ses choix » s’exclame Olivier Massart.

Patrick de Longrée se ruine en œufs déposés à Ste Claire afin de bénéficier d’un climat favorable. « Nous devons reporter en moyenne 2 à 3 spectacles par saison, je croise les doigts, la saison est formidable. Le temps exécrable du printemps ne nous a pas aidé dans les ventes mais maintenant la météo est une très bonne aliiée » raconte le producteur qui doit parvenir à boucler un budget de 650.000 euros. « Seuls 7 % sont subsidiés, il faut donc se battre dans un contexte compliqué pour arriver à convain- cre les partenaires à investir et aux spectateurs qui souffrent aussi de la crise économique de venir nous voir. »

La créature de Frankenstein enchante les ruines
Outre le spectacle en plein air de Villers-la-Ville, Patrick de Longrée est aussi le Directeur de l’Aula Magna à Louvain-la-Neuve. Ce lieu, appartenant à l’Université, est d’abord un centre de congrès et d’événements, c’est seulement ensuite une salle d’une capacité de 1.000 personnes.

Olivier Massart, que l’on peut voir dans le rôle de Président du club dans la série Vestiaires diffusé sur la RTBF, est intarissable. « Tous les comédiens sont payés dés la première répétition ce qui est loin d’être le cas partout, même si le temps de répétition est plus court. C’est plus intense. On vit une véritable aventure humaine. Qui se termine tous les soirs un peu tard. Le partage est tellement intense que nous ne pouvons nous empêcher de fêter cela »

Le comédien nous abandonne après avoir avalé une tartine sur le pouce. Il doit passer pendant quasi deux heures sous les mains des maquilleuses pour tenir en haleine les centaines de spectateurs.

La créature de Frankenstein enchante les ruines
Patrick de Longrée et son associé Rinus Vanelslander nous montrent fièrement le reste de l’équipe dans un petit campement de fortune. La troupe se retrouve. S’embrasse. Se cajole. Se prépare à affronter une abbaye déjà gran- diose magnifiée par trois décors somptueux. Le public suivant les tableaux. La scène inclinée à 10° impose aux comédiens une notion d’alpinisme. Le tout donnant une belle profondeur de champ.

Pour les spectateurs aussi, c’est une émo- tion profonde de découvrir ce joyau de notre patrimoine trop méconnu. De découvrir une très belle brochette de comédiens belges dont Alain Eloy époustouflant en Victor Fran- kenstein. D’affronter le froid même après une journée de temps magnifique. Les habitués de Villers-la-Ville se reconnaissent à leur plaid, sac de couchage et autres artifices.

Il existe deux sortes de personnes dans la vie. Ceux qui ont été une fois à l’Abbaye et les autres. Choisissez votre camp et osez aller voir la créature en live dans un décor quasi fait pour elle. Les yeux dans les yeux. L’émotion dans l’émotion. Une véritable et très émouvante communion.

Ne traînez pas pour réserver :

www.deldiffusion.be/fr/reservations

Comme le veut la tradition, le jour de la première, Del Diffusion annonce le prochain spectacle de l’Abbaye. En 2014, place à Pinocchio. Le casting n’est pas encore fait et on observera quel nez de politicien s’allonge quand il raconte une ânerie !!!

Pierre Chaudoir
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