Nathalie, Delphine et Marie ont constaté que la plupart des friperies se trouvent dans des zones urbaines, ce qui les décourageait de faire une heure de trajet pour s'y rendre, encore moins régulièrement pour chiner leurs prochaines tenues.
Alors, le trio a décidé de créer sa propre friperie à côté de leurs emplois de psychologue ou de commercial.
Pour Nathalie, psychologue, "son travail manquait d'une dimension sociétale", et pour Marie, "s'occuper d'un magasin de vente en dur à attendre les clients n'était pas une envie".
En seulement une heure, elles ont imaginé un camion friperie, qui a pris vie après deux ans de recherche du véhicule le plus adapté, de formation et d'accompagnement par le CREDAL.
Un circuit régional et intergénérationnel
Nathalie explique que pour constituer leur stock, elles se servent des réseaux sociaux pour signaler les périodes où elles acceptent de recevoir leur future marchandise.
"Nous avons un petit dépôt, donc nous ne pouvons pas accumuler du stock en permanence", précise-t-elle. Ce rythme s'harmonise avec leur méthode de vente mensuelle, où le contenu du camion est renouvelé pour offrir de nouvelles pièces aux clients réguliers.
Nathalie explique également que leur sélection de produits varie en fonction des événements et des lieux où elles se rendent, ce qui les oblige à proposer un assortiment différent.
La friperie mobile se rend à divers endroits tels que des festivals comme La Semo, des marchés, des événements organisés au See U (Bruxelles) et même des maisons de repos.
Cet aspect est une motivation pour les trois entrepreneuses, car elles sont convaincues que leur friperie plaît à tout le monde, des étudiantes de Louvain-la-Neuve aux mamies des maisons de repos.
De plus, l'assortiment est exclusivement régional. Les gens viennent déposer leurs vêtements au camion lors des journées de vente, qui ont toujours lieu dans le Brabant Wallon, avec une limite de deux sacs par personne.
Cette quantité est intentionnellement limitée pour éviter de surcharger le stock, ainsi que pour des raisons qualitatives.
Le Camion des Filles adopte une approche éthique en triant et en sélectionnant minutieusement les vêtements déposés, sans garantir un rachat systématique ou complet. "Les gens nous apportent des sacs et nous sélectionnons ce qui correspond à nos critères pour le camion.
Nous achetons les vêtements au kilo en effectuant un virement bancaire à la personne concernée. Les pièces restantes sont ensuite données à des associations ayant un style vestimentaire plus large, telles que Les Petits Riens", explique Nathalie.
Cette approche complète permet de remettre le plus grand nombre possible de vêtements sur le marché et de ne pas se limiter aux seuls intérêts de leur friperie. Selon le trio, ce système évite également que les gens ne viennent simplement "vider leurs poubelles", car elles sont satisfaites de la qualité des pièces apportées.
La route de l'épanouissement
La satisfaction de donner une seconde vie aux vêtements est renforcée par les réactions positives des clients lors des journées de vente : "Nous sommes heureuses de voir que les gens découvrent et surmontent les préjugés que l'on peut avoir sur les friperies", s'exclame Nathalie.
Après un an de tournée, la réalité du coût de l'essence et des emplacements les a tout de même contraintes à se verser un salaire partiel.
La seule raison économique derrière ce projet est de permettre à l'une des trois amies qui était au chômage juste avant le début du projet de retrouver un emploi à temps plein.
Les deux autres ont réduit leurs heures de travail dans leur emploi respectif afin de pouvoir concilier les deux activités. Comme l'explique Nathalie : "Nous ne voulons pas nous épuiser pour des vêtements d'occasion ! Nous avons rêvé de ce camion, et le construire et aller jusqu'au bout est vraiment gratifiant".
Le camion a vu le jour grâce à un prêt participatif et vise aujourd'hui à recréer du lien intergénérationnel dans la région tout en promouvant l'emploi et une initiative sociale et écologique.
Toutes les informations sur le dépôt de vêtements ainsi que les événements de vente sont disponibles sur leur site internet et leurs comptes Facebook et Instagram.